· 

Confinés en Grèce pendant 2 mois

Dimanche 15 Mars

Il suffit d'une rencontre pour faire changer votre histoire.

Nos amis du Poitou nous quittent sur cette plage de Kineta. Nous restons la journée les pieds dans l'eau. 

Dans l'après-midi, nous voyons arriver une famille sur des vélos. Nous faisons la connaissance de Jérémie le papa, Déborah la maman, Gabrielle leur fille de 8 ans et César leur garçon de 5 ans.

Ils nous arrivent tout droit de Taiwan ! Ils ont voyagé pendant 9 mois à travers l'Europe du Nord, puis ils ont pris le train en Russie pour aller vers la Corée, le Japon et Taiwan.

Ils ont atterri à Athènes et envisagent de se trouver un lieu pour passer l'été. Ils nous apprennent qu'il risque d'y avoir une fermeture des frontières avec la propagation du Coronavirus. Nous restons 2 jours ensemble sur la plage pour réfléchir à la suite des événements. Tout commence à fermer en Grèce, les écoles, les sites touristiques, les bars, les restaurants, les musées... Ils sont inscrits sur une plateforme appelée Woofing, un site qui permet de mettre en relation des personnes cherchant à mettre en pratique leur connaissance dans plusieurs domaines pour apprendre ou travailler en échange d'un logement et du couvert. Ils nous informent leur souhait de se rendre dans le sud du Péloponnèse et nous propose de venir avec eux. Là, plusieurs questions se posent : notre timing va être chamboulé ! Doit-on continuer alors qu'on risque d'être coincé en Grèce un bon moment ? Puis, Déborah me convint en disant de ne jamais refuser ce qui se présente ! Notre hôte du woofing nous informe qu'elle est très enchantée de nous accueillir sur son domaine.

Mercredi 18 Mars

 

Nous montons tous à bord du Black Pearl avec les vélos dans le coffre et nous prenons la route pour Stoupa dans le Sud du Péloponnèse. Nous arrivons dans un chemin de plus en plus étroit dans les montagnes face à la mer. Nous montons presque au bout du chemin de terre et on s’aperçoit que ce n'est pas le bon !!! OK, faut faire demi-tour. Oui mais faire demi-tour avec un poids-lourd ça passe ou ça casse... bon ben, ça a cassé. Nous avons accroché un rocher qui nous a arraché une porte de coffre latérale. Après, une demi-heure de recherche, nous avons trouvé le bon endroit. Nous sommes arrivés de nuit dans un chemin également terreur, on a stoppé au bout et on verra demain. Le lendemain, nous nous calons dans la deuxième entrée du domaine. Et, notre Black Pearl ne roulera plus pendant 2 mois.

La rencontre, la vie en communauté.

 

Notre premier contact fut Paula. Une femme spirituelle, accueillante et maternelle. Elle nous fait le tour de son domaine qu'elle a acquis il y a 2 ou 3 ans. Nous découvrons un endroit de paradis dans les montagnes. Elle nous indique ce qu'elle aimerait voir s'épanouir dans sa communauté. Elle nous présent aux personnes déjà présentes. Un grec nommé Yoris vivant comme un homme libre. Une Italienne nommée Nozika, une artiste voyageant avec son fils. Nous visitons leur habitation temporaire dans une grotte aménagée joliment mais qui me parait plus propice à un lieu spirituel qu'une habitation. Nous ne sommes pas poussés au travail forcé. Paula nous demande une participation aux tâches mais sans condition. Pendant les deux mois, nous réalisons un jardin, un poulailler, une cabane dans les arbres, un début de construction de maison, une machine à laver vélo, un espace de détente. Mais surtout, pendant 2 mois, nous apprenons à vivre comme une famille de 15 personnes. 


De nouvelles rencontres.

 

Nous accueillons des nouveaux venus. José, un français, voyageant en vélo depuis 9 mois, très philosophe. Quelqu'un qui fait preuve de tranquillité, de sérénité, de recul et de décontraction. Un élément fort pour notre groupe. Puis, Alison et Jack, des canadiens, voyageant également en vélo. Hélas, la barrière de la langue a été pour moi un handicap qui ne m'a pas permis de les connaître comme il se doit. Mais je peux dire que Jack est quelqu'un de déterminé et motivé comme un lion. Alison est douce, attentionnée et sensible.

Enfin, Yannis un grec qui ne restera qu'un temps avec nous. Il était notre gourou qui n'a hélas pas réussi à trouver sa place dans le groupe. Il a essayé de mettre en place des temps de méditation groupés mais plusieurs n'étaient pas réceptifs ou les enfants n'étaient pas d'accord ahahah.  


Prise de conscience

 

Nous venons d'apprendre (30 mars) que notre confinement durera jusqu'au 11 mai. Nous ne pouvons plus voyager. Ça me rend tellement triste. Nous devons faire une croix sur l'Asie. C'est assez dur à digérer pour moi. J'avais tellement hâte de découvrir une culture totalement différente des occidentaux. 

Les jours passent et je me console en pratiquant chaque jour la méditation et le yoga. Mais aussi en me plongeant dans mes livres, sur le féminisme, le racisme, la permaculture. J'apprends sur moi-même, j'apprends le vivre ensemble. Je m'occupe beaucoup des enfants. Je participe moins à la vie en communauté niveau jardinage ou bricolage. J'aime cuisiner pour tout le monde. Nous nous réunissons une fois par semaine pour parler de l'avenir de la communauté. Ces réunions sont très intéressantes car en plus d'apprendre l'anglais, nous en apprenons plus sur les uns et les autres. 


Avril est passé et nous voici au mois de mai.

Nous avons une routine bien installée. Le déconfinement est arrivé en Grèce le 4 mai mais nous ne pouvons pas encore circuler librement. Les déplacements sont restreints. 

Mais on ne se laisse pas abattre. On est libre pour aller à la mer et on va bien en profiter. Nous avons passé des journées entières jusqu'au coucher de soleil, à la mer.

Au sein de la communauté, il a été construit un poulailler dont les poules arrivent prochainement. Le jardin a bien changé et il est magnifique. La chaleur est là mais avec son lot de surprise. Les serpents sont de sorties et les scorpions aussi. On se déplace avec prudence. Les enfants ont appris à faire attention. 

Notre cohabitation se passe à merveille. Nous passons de formidable soirée. Notamment, nos supers soirées pizza party sont extraordinaires. Nous dansons, chantons, jouons de la musique.

Ma spiritualité a pris de l'ampleur. Je prends soin de moi pour mieux prendre soin des autres. 

Je regarde le soleil se coucher et profite de ces moments magiques. 

Les enfants s'épanouissent énormément dans ces lieux. Nous voyons Louna grandir au milieu de la montagne. Elle devient agile.

Nos enfants ont changé. 

Voici ce qui est différent d'avant la vie nomade :

- Ils ont toujours pleins de bobos partout et ils se les montrent 

- Ils ont toujours leurs vêtements tous sales (boue, terre, cendre,...)

- Ils construisent avec ce qu'ils ont sous la main et ça les rends heureux.

- Ils sont super bronzés à être toujours dehors.

- Ils sont les meilleurs à la course à pied. (Louna court aussi vite qu'un petit chien qui vit avec nous. Ce chien est très très court sur patte mais quand même 😂) 

- Ils échangent sans peur avec des nouvelles personnes et qui ne parlent pas la même langue qu'eux.

- Ils adorent les légumes ! 

Bon je crois que j'ai fait le tour. Je penses que dans les temps ancien, vous savez, ceux où la télé n'existait pas, où la peur de l'autre n'existait pas non plus, où la bouffe industrielle n'était pas la numéro 1!

Les enfants devaient être pareilles ! Non?!



Merci énormément pour votre partage, votre énergie, votre savoir vivre, votre enthousiasme, merci d'être vous ! 

Écrire commentaire

Commentaires: 0